BONNE LECTURE ET A BIENTÔT
L'édito
Heure de vérité
Eco121 se veut résolument contra-cyclique en cette rentrée ô combien anxiogène pour notre pays. Notre dossier est consacré à l’industrie du loisir en intérieur qui affiche une vraie dynamique dans notre région traditionnellement faible dans ce registre. Elle rattrape son retard avec une flopée d’investissements et d’acteurs très offensifs dans ce marché qui demeure porteur quand le reste de l’économie tousse.
Un magazine de rentrée contra-cyclique certes, mais pas irénique. Voilà des années que l’auteur de ces lignes souligne l’irresponsabilité complète des gouvernements successifs face au glissement constant de la dépense publique - pas un budget équilibré dans notre pays depuis 1974 ! - , au vertige de la dette, à l’élargissement permanent de la sphère publique, à l’intrusion de l’Etat dans tous les segments de la vie économique avec son inflation normative folle et des prélèvements obligatoires décourageants. François Bayrou n’aura guère agi en 10 mois de Matignon, mais au moins a-t-il placé le sujet des finances publiques en haut de la pile des priorités gouvernementales. On peut contester son pro- jet de budget 2026 pour des tas de raisons, à commencer par son absence d’ambitions dans la réduction du périmètre de l’Etat et la rationalisation des dépenses. Mais son équation politique était dès le départ un chemin de crête quasi infranchissable.
L’incapacité historique de nos politiques à s’attaquer à cette question essentielle dans toute démocratie des finances publiques et du consentement à l’impôt va connaître sa résolution rapide d’une manière ou d’une autre. Car les limites sont atteintes, à l’évidence. L’heure de vérité approche. La question est de savoir si cette résolution s’opérera à l’italienne ou à la britannique, autrement dit sous une très forte pression des marchés financiers mais dans le jeu institutionnel classique, ou à la grecque, sous tutelle du FMI et de la BCE avec un emballement dramatique des taux d’intérêt des emprunts d’Etat. Une perspective catastrophique qu’Amélie de Montchalin, ministre des comptes publics, évoquait ouvertement en juin dernier. Le pire n’est certes jamais sûr, mais il faudrait un sens des responsabilités aigü dans la classe politique pour l’éviter. Il est parfois permis d’en douter.